Le PREFET des HAUTES ALPES en 1843 , à propos de l'hospitalité accordée au col de Montgenèvre aux migrants italiens ou la preuve que l'histoire
begaie...
L’administration veille et réitère néanmoins régulièrement ses observations en souhaitant que l’on vérifie la situation des visiteurs afin de ne secourir que ceux qui en ont un réel besoin. Le
préfet des Hautes Alpes donne ainsi de fermes instructions le 10 novembre 1843 : « Un grand nombre de Piémontais affluent dans ce département et je ne doute pas que l’hospitalité qu’ils
reçoivent au Montgenèvre ne contribue à augmenter ce nombre. Ainsi, après avoir été soignés et nourris à l’hospice, ils arrivent dans le département où ils voyagent au moyen de
passeports avec secours de route.Ils sont donc pour ce pays-ci une charge continuelle [...]. Je viens vous inviter à ne recevoir à l’hospice que ceux qui auraient réellement
besoin de soulagement [...]. Vous avez dû remarquer avant moi que les fonds de l’hospice n’alimentaient réellement que des Piémontais, plupart vagabonds, gens sans aveu ou même malfaiteurs.
Vous comprenez que nous ne saurions faire un pareil usage de la dotation du gouvernement »
Le sous-préfet de Briançon, en transmettant le 8 décembre suivant la réponse circonstanciée du directeur de l’hospice, donne ses appréciations tout administratives : « Pour parvenir autant qu’il
peut dépendre de nous à diminuer le nombre des étrangers malintentionnés et de mauvaise foi, il faudrait n’admettre en France que ceux qui sont porteurs de titres réguliers de leur nation et
renvoyer impitoyablement à la frontière ceux qui voyageraient sans passeport » .
Le chanoine Auceul avait, quant à lui, précisément répondu, dès le 17 novembre, aux interrogations du préfet, dont il avait d’ailleurs dé- noncé la source dans une jalousie à son égard de la part
de prétendants à la gestion de l’hospice. Il a toujours su distinguer les voyageurs en fonction de leur direction : ceux qui entrent en France en provenance du Piémont sont généralement pourvus
des moyens pour continuer leur route, au contraire de ceux qui retournent dans le Piémont lesquels, selon lui, « présentent tous ordinairement des signes de misère .
Leur refuser les
secours analogues à leur malheureuse position serait un acte de cruauté dont peu de personnes auraient le triste courage de se rendre coupables [...]. Jamais nous n’avons pensé que l’hospitalité
donnée au Montgenèvre pût être un motif d’amener en France des étrangers sans aveu ou malfaiteurs. Pourquoi entreprendre un voyage de 50, 60, 80 ou 100 lieues pour trouver
gratuitement à l’hospice ½ litre de vin, ½ kilo de pain, une soupe et un lit pour une nuit seulement ? »